This article dissects the author’s approach to ethnography, social theory, and the politics of knowledge through a dialogue retracing his intellectual trajectory and the analytic linkages between his inquiries into embodiment, comparative urban marginality and the penal state. It draws out the practical connections and epistemological rationale behind his main research projects, explicates the distinctive ways in which he deploys observational fieldwork in each of them, and examines the roles of intellectuals in advanced society in the era of hegemonic neoliberalism. Rejecting both Humean empiricism and neo-Kantian cognitivism, the author argues for the use of ethnography as an instrument of rupture and construction, the potency of carnal knowledge, the imperative of epistemic reflexivity, and the need to expand textual genres and styles so as to better capture the taste and ache of social action. In the public sphere, he proposes that social science can act as a solvent of doxa and a beacon casting light on latent properties and unnoticed trends in social transformations so as to disrupt and broaden civic debate.
Loïc Wacquant é professor de sociologia na University of California, em Berkeley e investigador do Centre de Sociologie Européenne, em Paris. Os seus interesses incluem a incorporação, a dominação etno-racial, a desigualdade urbana, a penalização e a teoria social. Em português tem publicados os livros Corpo e Alma. Notas Etnográficas de um Aprendiz de Boxe (Relume Dumará, 2002); O Mistério do Ministério. Pierre Bourdieu e a Política Democrática (Revan, 2005); Onda Punitiva. O Novo Governo da Insegurança Social (Revan, 2007) e As Duas Faces do Gueto (Boitempo, 2008). É co-fundador e editor da revista interdisciplinar Ethnography e foi colaborador regular do Le Monde diplomatique entre 1994 e 2004.
Dans cet article, l’auteur explicite son approche de l’ethnographie, de la théorie sociale et de la politique du savoir, à travers un entretien au fil duquel il démêle les liens entre ses travaux sur l’incorporation, la marginalité urbaine et l’État pénal. En retraçant son parcours intellectuel, il porte au jour les connexions pratiques et épistémologiques entre ses principaux projets de recherche, spécifie la contribution du travail de terrain à chacun d’eux, et examine les rôles des intellectuels dans les sociétés avancées à l’ère de l’hégémonie néolibérale. Renvoyant dos à dos l’empirisme de Hume et le cognitivisme néo-kantien, l’auteur défend l’usage de l’ethnographie comme instrument de rupture et de construction, souligne la puissance des compétences incarnées, et plaide pour l’impératif de réflexivité épistémique ainsi que pour la multiplication des genres textuels et des styles d’écriture afin de mieux capturer la douleur et la saveur de l’action. Dans la sphère publique, il argue que la science sociale est en mesure d’agir comme dissolvant de la doxa mais aussi comme phare éclairant les propriétés latentes et les tendances inaperçues des transformations sociales, de sorte à perturber et à élargir le débat civique.